Ce post aurait plus de poids s’il avait été écrit par Sergey Brin (que je vais croiser la semaine prochaine d’ailleurs) mais je pense qu’il permettra d’aider tous les nouveaux entrepreneurs voulant se lancer dans le Net et dont une partie d’entre eux me contactent ces derniers temps.
J’ai été aussi invité au capital de plusieurs startups afin de les conseiller suite à mon expérience et me suis rendu compte de beaucoup d’erreurs de bases que les fondateurs peuvent faire à la création de leur entreprise ou lors d’une levée de fond.
1. Tout d’abord…Qu’est ce qu’une bonne startup ?
Une bonne startup est avant tout une équipe. Ce que je dis à chaque fois est qu’une startup pour réussir doit disposer au sein de son équipe des 3 compétences suivantes:
– Technique
– Marketing Commercial
– Finance
L’idéal est donc de démarrer à 3 associés au minimum ayant chacun une de ces compétences. Il est très très rare de trouver une personne pro dans les 3 domaines (si j’y réfléchis bien, je n’en connais aucune en fait).
Si vous êtes un super technicien avec une fabuleuse idée ou si vous êtes un super vendeur, faites vous recruter…Si vous voulez lancer une entreprise, il va falloir apprendre à s’associer et à monter cette Dream Team
2. On ne lève pas des fonds comme on obtient un crédit à la banque pour l’achat de son appart.
J’ai reçu un email cette semaine d’une personne voulant lever 2 millions d’euros alors que
1. Son site n’est même pas prêt
2. Qu’il est seul et sans associé
3. Qu’il ne génére aucun revenu
Quand je lui ai répondu cela, il m’a dit “oui mais l’idée est absolument révolutionnaire”. Même s’il avait raison, on ne crée pas une entreprise sur une idée mais sur une capacité à mettre en oeuvre rapidement cette idée.
Certaines personnes veulent aussi lever des fonds pour développer leur site et essayent de récolter les fonds nécessaires avec des maquettes. Un VC m’avait dit il y a quelques années “si un entrepreneur n’arrive pas à récolter quelques dizaines de milliers d’euros pour développer un site auprès de son entourage ou même à les mettre lui même, nous aurons de forts doutes sur sa capacité à diriger une multinationale qui pourra valoir des dizaines voire centaines de millions de dollars à 5 ans”.
Ici aussi, trouvez votre associé technique et développez le site ensemble. Il est de toutes façons indispensable à ce que le site soitdoive être développé par l’un des actionnaires de l’entreprise qui pourra toujours reprendre son développement au cas où l’un des prestataires ou salariés quitte le navire.
Pour finir, ne levez pas de fonds pour financer votre salaire. Ce n’est pas le but…et si vous cherchez un job, je vous conseille vivement de prendre un poste ailleurs. Vous risquez grandement de gagner plus et d’être bien plus tranquille. (Mise à jour: Lire les commentaires de ce post pour plus d’infos à ce sujet)
3. Lever des fonds prend beaucoup de temps
Il faut parfois se demander s’il ne vaut pas mieux passer son temps à aller chercher des clients plutôt qu’à aller faire le tour des VC pendant des mois. Une société financée par ses clients vaut de l’or à notre époque…et si vous arrivez à générer des revenus conséquents, ce seront les VC qui vous coureront après et pas l’inverse.
Une levée de fonds en ce moment prend entre 4 à 6 mois pour être vraiment concrétisé sauf exceptions.
4. Lever des fonds peut tuer votre entreprise
Prenons un exemple. Vous décidez de lever des fonds (1 million d’euro). Vous lachez 30% du capital (en général à chaque tour de table, la dilution est de 20 à 40% en fonction des négociations). Votre valorisation est donc désormais supérieur à 3 millions d’euros. Je fais faire le vieux mais 3 million d’euros = 20 millions de francs!
Vous n’avez à peine démarré et votre entreprise vaut 20 millions de francs sur le papier (soit plus que ce 10 générations de votre famille ont amassées au cours de leur vie)…mais ce n’est que du papier. Désormais, pour que vos investisseurs soient contents, il faut qu’ils aient un retour sur investissement d’au moins 3 ou 4 (leur objectif est bien supérieur d’ailleurs) donc que votre société soit vendue entre 80 et 100 millions de francs (je continue à utiliser mes francs…ca permet de mieux se rendre compte de quoi on parle). Si ce n’est pas le cas, votre startup ne sera pas considérée comme une startup successful par 99% des VC de la place.
Le défi est donc énorme et éprouvant et c’est un véritable choix de vie que vous allez prendre car vous avez peu de chance d’y arriver.
Que voulez vous faire ? Tenter le coup et vivre à 1000 à l’heure pendant des années avec très peu de chance de s’en sortir ou ne pas lever de fonds et faire croitre son entreprise doucement et simplement.
Ce choix est très difficile et je vous conseille de bien réfléchir avant de vous y mettre. Il y a très très très peu d’entreprises qui arrivent à atteindre ces objectifs.
Je vais vous raconter une petite histoire: Une entreprise que je connais a la possibilité actuellement de se faire racheter pour 10 millions d’euros. Wow, tout le monde pourrait applaudir mais le problème est simple: leurs investisseurs sont rentrés au capital à une valeur similaire. Les fondateurs sont donc condamnés à devoir bosser beaucoup plus et à tenter d’attendre un sommet encore plus infranchissable afin d’enrichir leurs investisseurs.
Certains fondateurs sont sereins (moi je le suis par exemple), d’autres (dont ceux là) ont peur et se rendent compte de l’erreur qu’ils ont faite d’avoir été trop gourmand auprès de leurs premiers investisseurs.
5. Ne soyez pas TROP gourmand avec vos investisseurs.
Maintenant que je vous ai expliqué le cas ci dessus, vous comprendrez ce conseil. Ne soyez pas trop gourmand…Plus vous obtiendrez une valorisation élevé de vos investisseurs au 1er tour de table, plus votre chance de réussir sera faible. Ceux-ci ne vous laisseront pas vendre l’entreprise à un prix bas alors que des investisseurs ayant pu rentrer à un prix inférieur auraient bien été contents de céder leurs parts.
En Seed (site développé et équipe de 3/4 personnes), mon conseil est de lever 300.000 euros sur une valorisation post money de 1 à 2.5 million d’euro. Jamais beaucoup plus.
En Seed+ (site développé et lancé + équipe de 7 personnes) , levez aux alentours de 1 million d’euro sauf si vous pensez avoir véritablement un projet énorme.
Pour finir, des journalistes me demandent régulièrement “qu’est ce que vous diriez à quelqu’un pour le motiver à devenir entrepreneur?” .
Je leur répond : “Je n’ai pas besoin de le motiver, si quelqu’un a l’âme d’un entrepreneur, il n’aura besoin d’aucune explication ni motivation, il foncera directement”. Je rajouterais ici “Foncez, mais gardez la tête sur les épaules…Il y a très peu de Google et de Yahoo sur la planète”.
Bonne chance à tous !
PS: Certains de mes proches cherchent à investir dans de beaux projets, n’hésitez pas à me contacter après avoir bien lu les points ci-dessus.
Mise à jour: On me conseille de vous conseiller (je ne l’ai pas encore lu), le guide pour entrepreneurs d’Olivier Ezratty qui a l’air d’être très adapté aux entreprises spécifiquement françaises.