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Interview de VC N°1: Jean David Chamboredon de 3i répond à mes questions

Jean David Chamboredon Voici une nouvelle série d’entrevues complétement inédite en France. Je vais désormais interviewer au cours des prochaines semaines de grands VC’s (Capitaux risqueurs français) sur leur vision de l’entreprenariat et du Web 2.0.

Le premier à avoir joué le jeu est Jean David Chamboredon de 3i (l’un des plus célèbres fonds d’investissements mondiaux). Jean David est aussi un véritable Bloggueur (a découvrir ici) et contributeur régulier d’Agoravox (voir ici)

Désolé, je n’ai pas eu le temps de linker tous les liens de l’interview, je le ferais dès que j’aurais un moment.

NOTE: Jean David a répondu à mes questions la semaine dernière avant le rachat de Youtube par Google. Il ne traite donc pas de cet événement.


Si vous avez des questions supplémentaires, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !


Interview

Bonjour Jean David, Peux tu te présenter  ?

43 ans, carrière en 2 étapes: premièrement 14 ans chez Capgemini chez qui j’ai appris beaucoup de choses et qui m’a permis de découvrir la Silicon Valley de 96 à 99. Ensuite 7 ans dans le monde du Capital-risque: Europatweb puis Viventures puis, depuis début 2004, 3i. Je suis un ingénieur intrapreneur devenu financier investisseur….

Je n’aime pas trop parler de ma vie privée mais je vais t’avouer un truc: je joue au golf !

Qui est 3i ? Ce fond a t’il une particularité ?

3i Group est une société “holding” britannique côtée sur le LSE.
Nous avons 3 particularités:
1/ nous investissons sur notre propre “balance sheet” (contrairement à la plupart de nos confreres qui “lèvent” de l’argent auprès de tiers)
2/ nous faisons les 3 métiers du Private Equity à savoir buy-out, capital développement et capital risque
3/ nous sommes directement implantés dans une quinzaine de pays incluant les principaux pays d’Europe de l’Ouest, les Etats-Unis, la Chine et l’Inde.

Tout ceci fait de 3i un “animal” assez unique: c’est souvent bon de pouvoir se différencier…

Peux tu me citer certains de vos succès passés ainsi que les plus belles sociétés de votre portefeuille actuellement dans le monde ? et particulièrement en France ?

Concernant le passé, 3i a été actionnaire de plusieurs centaines de “startups” donc la liste serait longue: pour limiter à des valeurs d’entreprise au delà du demi-milliard d’euros, je citerai, les IPO récentes de CSR (#1 mondial des chip bluetooth) en 2004 sur le LSE, de Interhyp (courtier en ligne de prêts immobiliers) en 2005 en Allemagne ou de Vonage (VoIP) sur le NYSE en 2006.

Pour la France, nos 3 investissements IT de 2005 à savoir www.priceminister.com, Dibcom (chip DVB-H) et Poliris (www.seloger.com) me paraissent très prometteurs.

Que penses tu de la mouvance Web 2.0 actuelle ?

Cette vague de nouvelles initiatives Internet correspond à une réalité d’usages nouveaux rendus possibles par le déploiement du broadband et quelques “outils” technologiques comme RSS ou AJAX. Cette vague correspond également à un phénomène de forte contribution de l’internaute qui produit les contenus et/ou n’est pas seulement un “cyberacheteur”. Certains sociétés connaissent un véritable succès d’audience ou d’usage et ces sociétés créent clairement de la valeur même si les modèles économiques sont encore à définir et valider.

Quand on me parle de bulle 2.0, je réponds “peut-être” mais avec 2 grandes différences par rapport à la bulle 1.0:
1/ les projets qui sont financés sont peu nombreux car les investisseurs sont très sélectifs
2/ peu de ces projets iront en Bourse car ils seront pré-emptés par les “tradebuyers” donc le risque de propagation d’un éventuel éclatement de bulle est très limité.

Quelles sont les tendances que vous suivez particulièrement en ce moment (Vidéo en ligne ? Shopping 2.0 ?) ?

Nous avons effectivement bien regardé le marché de la photo en ligne (nous sommes actionnaires de www.fotolog.com qui a une audience énorme), de la video en ligne et plus généralement de l’IPTV (nous avons investi récemment dans Aggregator en UK). Nous sommes également très intéressés par les modèles publicitaires/marketing interactif nouveaux (cf nos investissements dans Bluelithium aux US ou Screentonic en France).

Nous essayons cependant d’éviter de “suivre la horde” …

Quel conseil donnerais tu à un entrepreneur qui voudrait se lancer aujourd’hui ?

Tout dépend de son “background”. Pour un “repeat entrepreneur”, replonger… Pour un “first time entrepreneur”, s’associer avec des gens qui ont l’expérience de l’entreprise en mode “startup”…

Que doit faire un entrepreneur souhaitant lever des fonds aujourd’hui ? Prendre un intermédiaire ? Participer à des Barcamp ? se faire interviewer par Berrebi.org 🙂 ? Contacter 3i en direct ?

En France, contrairement aux US, même les bons projets sont intermédiés. Chausson, Aelios and leurs confrères jouent un rôle de filtre, de formalisation et de diffusion qui est utile (NDJB: J’en connais qui vont être contents en lisant ça 🙂 ).

Quand on s’appelle Chappaz ou Simoncini, on n’a cependant pas besoin de tels intermédiaires.

Si on me contacte en direct, je réponds toujours mais j’aime bien savoir d’où vient ce contact.

Un projet “out of the blue” doit vraiment être d’une qualité remarquable pour attirer notre attention.

Les entrepreneurs qui me contacteront suite à la lecture de cet interview seront bien reçus !


Quelles sont vos critères d’investissements ?

L’équipe, le marché, le business model, le “risk reward ratio”. L’équipe est le critère numéro un pour déclencher notre “appétit” et la thèse d’investissement se construit sur la base d’un “risk reward ratio” correspondant à notre mandat (par exemple, mettre peu d’argent dans un business sans risque mais à faible “upside” ne fait pas partie de mon mandat).

Quel est le plus gros problème que rencontre les sociétés que vous financez ? (Business Model ? Recrutement ? Taille du marché ? Internationalisation ? )

Difficile de généraliser: une société internet, un éditeur de logiciel ou une “fabless semiconductor company” ne font pas face aux mêmes enjeux. Si l’on évacue les sociétés qui ne rencontrent pas leur marché (car elles sont trop en avance ou présentent mal leur offre ou tout simplement ne répondent à aucune demande du marché), la difficulté commune des sociétés viables est sans doute de trouver le “second souffle” une fois les premières étapes difficiles franchies. Sans doute cela doit-il coincider avec des changements au niveau du management, du “board” et sans doute des actionnaires…

Peux tu nous donner un ordre d’idée des valorisations moyennes des sociétés dans lequel vous investissez ?

Très variable: de quelques millions d’euros à plus de 100 millions… La moyenne ne veut pas dire grand chose.

Quelle différence y’a t’il entre votre approche depuis la France comparée à celle de votre équipe aux Etats Unis ?

Le marché US est très compétitif pour les VCs. Mes partners Américains doivent donc trouver des “angles” particuliers pour exister profitablement sur certains segments du marché. Le marché Français est beaucoup plus petit (40 à 50 fois): je me dois d’être plus généraliste voire opportuniste. Il existe une grosse dizaine de projets excitants en France par an correspondant à nos critères: j’essaie avec mon équipe d’en saisir 3 ou 4.

Techcrunch France a rédigé un article sur les entrepreneurs français se lançant de l’étranger. Que penses tu de cette tendance ? Penses tu qu’ils ont raison ? tort ? Que conseilles tu aux sociétés de ton portefeuille ? (A priori, tu n’es pas du genre à limiter les critiques envers la France sur ton blog :))
L’article est ici

Je comprends ces entrepreneurs “expatriés”: s’ils veulent devenir riches, autant partir tout de suite !

Plus sérieusement, une véritable fibre entrepreneuriale est difficile à conjugueur avec le contexte franco-français (je pense notamment à la rigidité du code du travail et au niveau des prélévements obligatoires – même si on peut courir après les exonérations, les crédits d’impot voire les subventions !) et un “homerun” créant une entreprise valant plus d’un milliard d’euros dans la “technologie” passe forcément par le fait que la France ne peut pas être le premier marché (la France pèse environ 5% du marché mondial).

Ceci étant dit, le marché Français peut-être un “test bed” intéressant pour pas mal de sociétés: le tout est de savoir comment passer à l’étape “internationale”… Le raisonnement peut également être différent pour des “mass market plays” pour lequel la taille du marché Français peut être suffisante pour atteindre la masse critique.

Ton blog est très documenté et tu fais partie des grands contributeurs d’Agoravox ! Cela te prend t’il du temps ? Est ce pour toi un loisir ? Cela fait partie de ton métier ?

J’y pense dans ma voiture pendant la semaine, je fais quelques recherches sur le Net et j’écris d’un seul “jet” en fin de semaine.

Au départ, ma motivation était de comprendre le phénomène du blog à la fois techniquement et sociologiquement.

Maintenant c’est plutôt le simple plaisir d’écrire simplement et pédagogiquement sur des sujets plutôt “économiques” sur lesquels les média ne font pas, selon moi, forcément bien leur boulot.

Ca fait plutôt partie de ma sphère privée même si de nombreux lecteurs font partie de mon écosystème professionnel et que je ne ferais pas le métier que je fais si j’étais communiste !

Quelles sont les services Internet que tu utilises régulièrement ?

Dans le désordre en mélangeant les usages personnels et professionels: Priceminister, Google, Technorati, Alexa, Linkedin, Boursorama, Venturesource, Wikipedia, Wineandco, Golflounge, Blogger… (et si je cherchais un appartement ou une maison, Seloger !)

Merci Jean David !

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2 Comments

  1. Gentille critique envers Jérémie : Très interressant mais c’est dommage que certains termes (tradebuyer, …) ne soient pas même appoximativement traduits. Pour celui qui n’est pas de cette mare, on “sent” le concept sans être certain de l’appréhender, et pour celui qui nage dedans, il a déjà sauté à l’article suivant 😉

  2. Marchange Marchange

    “la rigidité du code du travail et au niveau des prélévements obligatoires”

    Et tant que tout cela ne sera pas changé, il ne faudra pas espérer voir le chômage baisser.

    Etant intéressé par le monde du capital-risque je vous remercie pour cette interview.

    Continuez comme ça !

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